« Et alors, comment ça s’est fini… ? »

Yves Klein

Oh la douce claque… Une caresse sèche, une gifle suave, une si tendre injure…

Ebrouons-nous ensemble à compter le nombre abyssal de fois où l’on a souhaité mettre un terme à une conversation ennuyeuse.

Vous devisez chemin faisait avec quelque accointance et cette maudite personne entame une tirade tyranniquement assoupissante qui, si elle n’est pas tuée dans l’œuf, risque fort de vous plonger dans une léthargie toute à propos. Il semblerait que le frère du mari de sa cousine ait été vu en compagnie d’un homme qui avait l’air louche. Ce qui apparemment était amusant car au même moment, ladite cousine avait rendez-vous avec cette femme – si vous savez – celle aux mœurs douteuses qui n’avait de cesse que de vouloir qu’on dine ensemble.
Soudainement gonflé d’un élan de survie, votre cerveau apathique se délie astucieusement et use d’une ruse toute futée.

« Et alors, comment ça s’est fini… ? »

Cette phrase suspensive suggère un intérêt volontaire et avide pour la chute de cette histoire palpitante et fébrile. Mais en réalité, elle n’est qu’une astuce perverse et habile, un artifice ingénieux et vicieux pour couper court à un monologue narcissique laborieux qui n’avait de cesse de vous gâcher votre précieux temps.

Le bleu marine, c’est le noir des riches...

Olafur Eliasson

S’il est ancré que Klein (l’artiste, pas le prof) a statué sur une teinte bleue toute profonde atteignant le paroxysme de l’hyper complexité du monochrome, il est une autre nuance bleutée qui mérite une fervente admiration.

Le bleu marine, fier défenseur de la fidélité, mécène féroce de la fiabilité, tuteur immuable de l’autorité, s’est mystifié.

A mort le noir teintant de gothisme et de stupre les belles soirées mondaines et salissant de populaire les exquises réjouissances sélectives !
Le bleu marine, plus élitiste et infiniment plus complexe, remplace le noir roturier et brutal.

Le bleu marine, c’est le noir des riches !

Répondre « Bonsoir ! » à un « Bonjour ! »




Vous entrez d’un pas avenant dans la cage de votre immeuble, il fait encore jour, les oiseaux chantent et pour vous, la journée se déroule avec une aimable tranquillité. Là, vous croisez votre voisin qui coule dans les escaliers, le menton calé sur le torse et le zygomatique en veilleuse. Vous lui adressez un « Bonjour ! » plein d’entrain et d’espoir. Et le déraisonnable dément de vous répondre : « Bonsoir ! ».
Vous vous sentez alors démunis et amputé d’une partie de votre journée : le soir vient de se bâfrer du jour !

Certains saisiraient la sombre mais néanmoins haute autorité qui a un jour autocratiquement déclaré que l’on perdrait une heure lors du passage à l’hiver ; d’autres s’indigneraient du glissement tortueux vers les 35h, de l’inquiétant vieillissement de la population, de la scandaleuse hausse du prix du pétrole, de la tendance parisiano-burlesque des produits bio ou encore de l’inflation du prix de notre baguette moulée pas trop cuite chez notre petit boulanger de quartier.
Et bien ravalons nos méandreuses supputations revendicatives ! C’est une raison purement instinctive qui poussent l’être humain à cet affront si agaçant !