La hiérarchisation des problèmes



« J’ai eu une réunion qui a duré des heures aujourd’hui… J’ai un mal de crâne terrible ! »
« Oui bah moi, je fais un métier pourri et je suis sous-payé alors te plains pas ! »

Tout bon humain qui se respecte a déjà été confronté à ce suffixe pesant qui nous garrotte le souffle en nous assommant de sa langueur mièvre : « oui, bah moi… ».

Cette sournoise réplique est l’incarnation défaitiste de la victimisation à l’extrême. Oui bien sur, d’horribles évènements frappent chaque jour notre écosystème toussotant. Oui bien sur d’atroces infamies pèsent sur la survie difficile de certains. Oui bien sur nous nous devons de remettre nos petites angoisses embourgeoisées dans un contexte brulant d’insécurité et de malheurs incarné par le trait d’esprit franchouillard qui racle les esgourdes des enfants depuis que le monde est monde : « finis ton assiette !! Pense à ces enfants qui meurent de faim !! »

S’il est essentiel de gonfler d’optimisme et de relativité nos quotidiens, il est insupportable de voir nos petits tracas dénigrés par cette vicieuse phrase : « oui, bah moi… ».

La définition d’un souci, d’un problème, d’une corvée, d’un obstacle ou d’une fatalité diverge en fonction du seuil de tolérance de chacun. Cette fameuse goutte d’eau qui fait déborder ce tristement célèbre vase pourra s’incarner en une contrariété toute minime et pourra pourtant submerger quelqu’un d’un tsunami de désespoir.

La hiérarchisation des problèmes est une vile habitude qu’il nous faut combattre.

Pour le meilleur et pour l’empire !



Un jour, quelque badaud irasciblement mièvre et probablement très peu compétent a inventé une bien étrange coutume qui entache jusqu’aux plus productives entreprises. Depuis, il est de bon ton de perpétrer cet étrange folklore qui étire nos dures journées de labeur et bave sur nos tâches quotidiennes pour les alourdir de son sceau superflu. Tout cela au nom d’un vil concept viral de consensus, de fausse humilité et d’un manque certain de bravoure.
Il en est assez de ces réunions stériles où chacun est consulté, où il y a autant d’avis que de participants, où le goût personnel de chacun vient grignoter l’efficacité du projet, où le décisionnaire final se compte en dizaine de personnes, où tout le monde est consulté et personne écouté. Toutes ces simagrées planquées sous le drapeau flamboyant de la valeur et de la productivité.
Bataillons ensemble pour bouter hors de nos entreprises la décision collégiale !