Tu vas t’en lasser !


Il est de ces adages lourdement niais qui enrhument nos tympans.

Plaçons-nous dans un contexte. Vous bourlinguez nonchalamment dans les boutiques un samedi après-midi avec une accointance. Vous brulez d’un désir sanguin de faire parler votre carte bleue. Soudain, vos yeux atones se brisent d’une excitation outrancière. « Ooooh, mon dieu, j’adoooooore ce petit top !! ». Il est dégoulinant de couleur, honteusement à la mode, parfaitement inutile, allégorie précise de votre convulsion d’acheteur compulsif. Là, votre compagnon de chalandage se tourne vers vous et vous assomme de cet irrévérencieuse maxime : « tu vas t’en lasser… ».

Quel monstre vil et narcissique a pu un jour polluer nos quotidiens de cet immonde cliché ?
Evidemment que le danger est là. Evidemment qu’un coup hasardeux du destin pourra frapper au hasard, sommant nos neurones mouillés et fragiles de ne plus aimer ce petit haut. Mais quel irascible postulat nous empêcherait de profiter de ce plaisir qui se peut provisoire ? Y’a-t-il eu un axiome indiscutable qui nous détourne de la joie de l’éphémère ?
Sous prétexte du risque funèbre de se lasser. Comme, par malheur, l’ennui nous guette du coin de son œil fourbe, il ne faut en aucun cas se menacer de s’en lasser.

Et si on ne s’en lasse pas ? Quel doux risque !

Le rituel de procrastination



Chaque badaud qui a la délicate éminence de se balader sur cette planète procède à la procrastination. Que vous soyez lanceur de javelot, préparateur de bisque de homard ou responsable de l’analyse des synergies et du cash-flow du projet java de migration du système d’exploitation du processus de supply chain, vous êtes un procrastinateur.

Pour ceux qui ont une lacune linguistique et qui souhaiterait connaitre l’origine sémiologique de ce tortueux mot de 5 syllabes, voyez
ici.

Les rituels de procrastinations sont d’un multiple engluement.
Certains vogueront légèrement dans le florissant florilège de blogs pointilleusement inutile, cherchant à déterminer si ‘cute boys with cats’ est mieux que ‘cute boys with dogs’, à moins que ce ne soit ‘cute girls with dogs’.
D’aucuns saboteront la touche F5 de leurs PCs à trop rafraichir leur page Internet Explorer pour vérifier si par le plus intrépide des hasards, ils n’ont pas reçu d’un coup un mail passionnant de leur pote Alejandro qu’ils ont connus lors d’un trip néo-rebelle d’adolescent, empaqueté dans un sac de rando dégoulinant dans une auberge de jeunesse à Barcelone.
D’autres prétexteront une irréversible envie de cigarette, un incompressible désir d’aller aux toilettes, une irrévocable nécessité de trier les dossiers de leur ordinateur par longueur de titres ou un irrépressible besoin de parfaire leur culture musicale en comparant les versions live de woodstock avec les enregistrements studio des 3 J : Janis, Jimi et Joe.

Mais les pires d’entre tous les procrastinateurs, ceux qui assomment chaque années des hectares de forêts amazoniennes et qui souillent nos vies de leurs vomissant post-it hargneux, sont les listeurs !
Ces énergumènes de l’énumération gratouillent des mots des heures durant, oscillant entre une accumulation brute d’impératifs et des priorisations bancales. Plutôt que de remplir leurs impôts, ils griffonnent en lettres capitales soulignées 3 fois au marqueur noir puis rouge, ponctuant cette note d’un résidu trop nombreux de points d’exclamation : IMPOTS !!! Tout ça pour déchirer la liste 2h plus tard, se rendant compte que la priorité se situe maintenant dans la résolution de cette terrible fuite qui est en train d’avaler leurs appartements… VITE, UN STYLOOO !!!

Monday, Bloody Monday !


Combien, Ô combien de lundis sournois et exsangues allons-nous souffrir avant de trouver une issue heureuse à ce sentiment acide que la semaine est d’ores et déjà rangée dans un petit coin fort douillet de nos cerveaux fatigués ?
Décortiquons un peu ce sentiment étrange qui nous pousse, nous, hommes et femmes méticuleusement éduqués, vaillants actifs d’une société consciencieusement entreprenante, à divaguer dans un instant d’absence mal goupillé.

Plaçons le contexte.
Vous avez enfilé votre douche et délaité quelques toasts éminemment beurrés dans votre valeureux gosier. Votre liquette de travail empoignée, vous vous dirigez d’un pas allant et volontaire vers la bouche lippue d’un métro accueillant. Après une épopée souterraine ponctuée d’évènements épiques et irritants, vous avez le sentiment d’avoir d’ores et déjà consumé votre existence et même grappillé 1 ou 2 des vies de votre chat « Raymond ».
Enfin vissés à votre bureau, vous effectuez votre rituel constitué d’une multitude de petits gestes quotidiens qui s’enchainent avec une déconcertante nonchalance : votre rituel de procrastination (bientôt sur
‘Pamphlets d’une Connasse’). Sur ce, votre journée s’étire dans un bâillement viscéralement véloce, ne vous laissant de répits que pour avalerunsandwich / allerfaireunpetitpipi / fumeruneclope / sourirevaguementàlapersonnequivousaditbonjourmaisdontvousignorezl’identité.
Vers 19h, votre sourcil gauche s’agite fébrilement, signe que vos yeux vont exploser. Vous levez vos minois de votre clavier et là, un sentiment communément maudit vous claque dans les synapses : « aaaah, c’est le weekend ! ». Dépités, vous prenez conscience que vos neurones instables vous ont mentit.

Maudissons ces lundis qui ressemblent aux vendredis !