Tomber dans les pommes




Munie de toute mon effronterie étymologique et au regard de mes carences latines, je propose une interprétation parfaitement ubuesque et douteuse de l’expression : « tomber dans les pommes » !

Tandis que la Pologne et la Russie fricotait une alliance de paix perpétuelle, que Michel II Le Bouteux binait dans les jardins du Grand Trianon de Versailles et que l’on susurrait des complots dans les rangs agités des réfractaires de la révocation de l’Edit de Nantes, le bon vieux Isaac Newton piquait un petit roupillon studieux près d’un arbre fruitier.

Le jeune Zac, dont le corps réfutait tous travaux manuels, flânait nonchalant entre cosinus et fractales dans les couloirs de Cambridge. Un jour, perdu dans le marasme chiffré de son hypophyse sinusoïdale, il se rappela qu’en ce beau crépuscule automnal, il n’avait mangé que 4 des 5 fruits et légumes recommandés quotidiennement pour une bonne santé !

Il bondit alors pour pallier cet affront à l’hygiène alimentaire et dans son empressement, s’est cogné contre l’arbre, provoquant ainsi la chute d’une pomme sur sa tête, qui incita une éphémère perte de connaissance.

Cette si saine et juteuse habitude gastronomique fruitière, confectionnée pour notre santé, a plongé un des plus éminent savant de notre histoire dans un évanouissement intermittent. Quelle ironie !

Vieilleries vivantes…


Crédit photo:
Marjolaine Jacques


Combien de scènes de chasse en canevas ont été délogées du haut du sofa bordé d’un carré de dentelle chez papi mami pour être fièrement exposées dans nos appartements parisiens bordant le canal st martin ?
Combien de blouses fleuries aux pochons emplis de mouchoirs brodés de mémé ont été hardiment agrémentées d’une jolie ceinture taille haute par une parisienne streetstylée ?

Les pimpants juvéniles adorent croquer du meuble en formica, composer un numéro sur un téléphone à cadran ou louvoyer de vieux appareil photo polaroid…

Pourquoi les jeunes aiment tant ce qui est vieux et vintage ?
Et pourquoi les vieux ne sont-ils pas vintage ?

Traité ultracourt sur la poignée de main



Depuis que l’être humain a eu le bon goût de se laisser pousser les bras, une étrange coutume a vu le jour : la poignée de main. Nombre de paluches ont été secouées et ballottées et, malgré les recommandations qui coulent dans nos oreilles depuis ce fameux jour où, la veille du point d’ancrage de nos carrières professionnelles où l’on rencontre celui qui deviendra notre premier patron, papa nous a astucieusement paré de ce conseil indiscutable : « attention à ta poignée de main… »

Munie de cette information toute exhaustive, il a été de bon ton que, mon bras droit et moi, nous nous réunîmes pour un colloque extraordinaire sur la poignée de main.

Qu’est-ce qu’une bonne poignée de main ?

La force.
Le destinataire de notre menotte agitée ne doit ni ressentir un ego surdimensionné concentré dans cinq doigts broyeurs, ni percevoir la mollesse apathique d’une main amorphe et atone.

Le sens.
Selon que nous exhibons nos pognes vers le haut ou vers le bas, nous communiquons de diamétrales oppositions. Une paume dévoilée signe la non-agression et la douceur, une paume regardant  le sol signe l’autorité et la détermination. Le degré d’horizontalité de la paume mesure le niveau d’intention. La douceur peut devenir la soumission et l’autorité peut devenir la domination.

La pliure.
Ne négligeons en aucune mesure la pliure de nos mains. Trop tendue et hérissée, elle dévoilera une rigidité mal à propos, et trop équerre, elle symbolisera la fuite ou le manque d’idées.

La température.
Lors d’une empoignade, il est plus que fondamental de vérifier le climat de nos porteuses de phalanges. Un frôlement frisquet déshumanise et contrarie toute discussion. Un effleurement surabondamment chaud trahit notre stress. La torpeur douce d’une paluche sèche et tiède rassure et apaise le bienheureux qui souffre trop souvent la pression moite et tendue d’une patoune hasardeuse.

Le reste.
Pour ne pas que tous ces efforts dantesques ne soient délétères, il ne faut pas omettre le reste !
Pensons à ne pas coller l’empoigné et ne pas le distancer de trop, sans quoi il se sentira démesurément aimé ou fuit.
Pensons à observer un mouvement vertical de va et vient pour ne pas se retrouver dans la délicate position d’une poignée statique.
Pensons à saisir convenablement la main de l’autre pour ne pas se retrouver muni du bout d’un annulaire et d’un morceau de majeur.
Pensons à serrer la main avec notre si expressif regard et notre jouxte verbale bien sentie.

Chacun son mauvais goût





Ce gentilhomme créateur érotico fantasque de John Galliano, piquant avec incongruité et doigté à la pointe d’une quenouille quelques tissus extravagants et dilettants, nous a charitablement proposé cette houleuse citation subversive : « Il vaut mieux avoir mauvais goût que pas de goût du tout ».
Lorsque l’on croise de fiers hollandais parqués dans leur mobil home ravageur et plantés dans leurs sandalettes astucieusement rehaussées de chaussettes mi-mollet, nous avons une fâcheuse tendance à vouloir saisir la haute autorité du bon goût !
Mais en définitive, n’est-ce point là le même débat qu’un chaland chez Mc Do qui vous miroiterait d’un œil torve lorsque vous osez commander un Big Mac avec un coca light ?
Tout cela n’est qu’une affaire de goût !

Je l’ai payé 50% !!




Combien de péronnelles, astucieusement calées dans leur nouvelle jupe Sandro, soutenues par leur Gérard Darel flambant neuf et arborant fièrement leur bottines dénichées dans une friperie alternative se tâtonnent du coude à la terrasse bondé d’un café en s’esclaffant : « les filles, je vous invite, j’ai économisé 100 euros !! » ?
Ses fieffées camarades du Mojito, dilatant leurs pupilles tellement abondamment que la susnommée détentrice de bottines vintage se voit contrainte de préciser : « bah oui, j’ai acheté une petite veste trop canon chez Maje, je l’ai eu à 50%. »

Encore une fois, le vil joug du neurone de l’être humain a frappé !
Oserions-nous claironner au positivisme et proclamer que ce curieux concept de gagner de l’argent en économisant campe la déclinaison contemporaine du bon vieux verre à moitié plein ?
Pourquoi pense-t-on, nous pauvres désœuvrés, que la dépense prévue revue à la baisse nous a rapporté de l’argent ?