Perdre du temps, c’est en gagner !


Il est de certains adages le charme vicieux de la vérité ! Là où Ionesco baverait d’absurde et Platon de lumineux, certaines expressions nous assomment par leur sincérité évidente qui, une fois décortiquée et bien assaisonnée, nous explose hautainement au visage et grignote nos cordes vocales séchées par tant de clairvoyance.
Perdre du temps, c’est en gagner ! Ce proverbe est multiple et infiniment modelable !

N’y a-t-il pas plus agaçant que de se confronter à l’éminent responsable des travaux de votre cuisine qui, plutôt que de prendre un précieux temps à mesurer l’angle de votre plan de travail en bois de Santal savamment immigré du Népal, a préféré trancher dans le vif du sujet en découpant à l’œil nu votre élégant échantillon d’arbre parfumé ? Vous laissant piteusement avec un placard qui ne ferme plus, une vasque trop grande ou un disgracieux rajout en fibre de contreplaqué !

Combien de sauvages se précipitent à corps perdu dans une solution avant de penser aux objectifs ?

Ce fifrelin de Louis XIV a prononcé un jour ces mots fort à propos : « C’est toujours l’impatience de gagner qui fait perdre. » Oh comme il était éclairé ce souverain !

Contradiction moderne…


De vilains conservateurs blâment notre société boulimique de vitesse en injuriant les téléphones portables, honteux symboles d’un monde où l’on ne peut plus ne pas être joignable. Ces innommables Don Quichotte du progrès revêtent souvent une irritante habitude des plus contradictoires, visant à vilipender une chose qu’ils auraient pu aisément éviter.

Contextualisons… Nous sommes ici en plein cœur d’une intrigue téléphonique dans laquelle le badaud N°1 souhaite deviser poliment avec le badaud N°2, manifestement suffocant d’occupations :
« - Allo, ça va ?
- Euh, non, je suis super occupé là… Tu me déranges. Qu’est-ce qui y’a ???
- Non, bah rien, je te laisse alors si tu es occupé.
- Tu me déranges pour me dire que tu as rien à me dire ???
- Désolé… »

Le houleux débat de « la société et les technologies modernes ne sont-elles pas trop intrusives ? »  se trompe de vicieux coupables… La faute n’est-elle pas à rejeter sur ces utilisateurs mal goupillés qui se méprennent sur les modes d’emplois ?

Communique ta mère !


Souvenons-nous ensemble d’un adage des plus coquets qui bourdonne encore dans nos esgourdes de franchouillards : “c’est les cordonniers les plus mal chaussés…”
Si l’on passe la fragrance obsolète outrancière des mots utilisés dans cet idiome, l’on peut transposer cette maxime à notre élégante année 2011 et à ce joyeux métier qu’est celui de la communication !

Qu’y-a-t-il de pire qu’un communicant qui ne sait pas communiquer ?

Combien de campagnes de communication, de posters, de newsletters, de mails s’embourbent dans un budget étriqué sans avoir la chance d’avoir été pensé de façon efficace ?
Nombre de communicants dégoulinent de médias, de solutions de communication, de supports sans avoir au préalable pensé le message.
Une furieuse crise de tachycardie a atteint mes tympans lorsque récemment, à la suite d’une longue et fastueuse présentation sur une newsletter révolutionnaire concoctée par un chargé de communication fier comme Artaban, j’ai posé la question dont le vice ultime a poussé l’arrogant à confesser piteusement son erreur… « Si vous receviez cette newsletter, vous la liriez ? » « euh… non ! ».

Guerres daltoniennes...


Un beau jour, un fade polisson s’est mis en tête de décréter la chose la plus insipide que nos vitrines fleurissantes de beaux habits ont subit comme un couperet hargneux : le rose et le rouge ne vont pas ensemble !
Le beige et le blanc n’ont pas le droit de fricoter, les indigents motifs floraux se voient contraints de ne pas fréquenter leurs tendres amis carreaux et il est strictement prohibé que le velours caresse le cuir du bout de ses doigts frêles !

Fort heureusement, de braves Don Quichotte de l’esthétique se battent chaque jour pour bouter ces innommables propos racistes qui touchent nos élégants accoutrements. N’y-a-t-il pas plus jolies épousailles que l’incompatible réuni ?

Et quand vient le soir, lorsqu’un ciel flamboie, le rose et le rouge ne s’épousent-ils pas ?

Arrêtez de me regarder, vous m’abîmez !



S’il est une chose parfaitement intolérante qui n’est pas régit par des une législation punitive, c’est le racisme de la laideur.

Chaque jour, nous absorbons des grandes lampées d’images et propos insoutenables de sexisme, d’homophobie, de xénophobie… moults associations engagées et déterminées luttent acidement pour une justice suffocante.

Mais personne, non, personne ne s’insurge contre cette despotique tyrannie qui traine dans les plus âpres désolations les laids de ce monde.

S’il est admit que la couleur de peau, l’orientation sexuelle ou encore la religion sont des concepts parfaitement dogmatiques, la laideur, et par conséquent la beauté, ne sont palpables qu’à l’issue d’une sensation parfaitement personnelle.
Le racisme du laid viendrait donc de là. Il est impossible de définir la laideur. Il est donc impossible de la considérer et de l’apprécier. La laideur est bien plus qu’une différence, elle est un rejet sensoriel individualiste.

La laideur est la différence commune à chacun. On est tous le moche de quelqu’un.

L’horreur des horaires !


Nombre de pollueurs d’entreprises se targuent d’une coutume des plus sournoisement sotte qui gangrènent nos si délicieuses compétences et aliènent notre labeur à grand renfort de bêtise aiguisée: les horaires !

« - Tu commences à quelle heure ?
- A 9h30. Et je finis à 18h.
- On peut déjeuner ensemble ce midi ?
- Ah non, je peux pas, je n’ai que 53 minutes de pause dej’ »

Nom d’un haricot même pas magique, quel mal a frappé le monde des actifs pour être atteint d’un tel fléau ?

Oui certain clameront à l’anarchie, à l’utopisme d’un Rousseau post-moderniste de l’homme bon par nature. Il est évident que des règles d’horaires s‘imposent pour éviter le vilain écueil de voir tous les travailleurs boucher les autoroutes ensoleillées plutôt que de travailler. Certes.

Mais il me pousse un sourire narquois lorsque j’imagine les fieffés bosseurs calés devant leurs ordinateurs à baver de webmails en sites touristiques ou à bondir des toilettes à leur téléphone portable, pour faire couler les précieuses minutes qui les séparent de la délivrance : 17h58 !

Pourquoi choisir d’être présent plutôt que d’être efficace ?

C’est design !


Certaines expressions provoquent une réaction physiologique particulière chez les individus de nos espèces respectives… Parmi ces affronts à la subtilité critique, il est une locution qui provoque une crise cardiaque à mes oreilles profanes : « c’est design ! »

A chaque génération, à chaque communauté, à chaque langue ses dissonances niaises. Une des plus apathiques de notre petit monde d’aujourd’hui est cette formule fade qui dégouline d’un consensus fédérateur sans saveur. Quoi de plus creux que ce commentaire ?

Imaginons une conversation excavant ce champ lexical avec l’aplomb d’un parisianiste s’improvisant critique aiguisé le temps d’un vernissage mondain :
« - J’adore ce qu’il fait. Ses sculptures sont modernes et parlent vraiment des choses. C’est vraiment l’œuvre de la maturité.
- Tu as raison. Je crois qu’il a vraiment voulu exprimer la contemporanéité.
- C’est design ! »

Imaginons maintenant une conversation béotienne entre un fier couple tout fraichement colocataire qui décide de prendre en main le destin décoratif de son nid d’amour :
« - On prend les tasses Valérie Damidot ?
- Fais voir ! Ah ouais, elles sont cools. J’adore les couleurs et la forme.
- C’est design ! »

« C’est design ! » est l’expression qui feint la réconciliation entre l’art et le quotidien. C’est l’illusion de faire du « beau » quelque chose d’accessible. C’est croire démocratiser l’élitisme.

Tu vas t’en lasser !


Il est de ces adages lourdement niais qui enrhument nos tympans.

Plaçons-nous dans un contexte. Vous bourlinguez nonchalamment dans les boutiques un samedi après-midi avec une accointance. Vous brulez d’un désir sanguin de faire parler votre carte bleue. Soudain, vos yeux atones se brisent d’une excitation outrancière. « Ooooh, mon dieu, j’adoooooore ce petit top !! ». Il est dégoulinant de couleur, honteusement à la mode, parfaitement inutile, allégorie précise de votre convulsion d’acheteur compulsif. Là, votre compagnon de chalandage se tourne vers vous et vous assomme de cet irrévérencieuse maxime : « tu vas t’en lasser… ».

Quel monstre vil et narcissique a pu un jour polluer nos quotidiens de cet immonde cliché ?
Evidemment que le danger est là. Evidemment qu’un coup hasardeux du destin pourra frapper au hasard, sommant nos neurones mouillés et fragiles de ne plus aimer ce petit haut. Mais quel irascible postulat nous empêcherait de profiter de ce plaisir qui se peut provisoire ? Y’a-t-il eu un axiome indiscutable qui nous détourne de la joie de l’éphémère ?
Sous prétexte du risque funèbre de se lasser. Comme, par malheur, l’ennui nous guette du coin de son œil fourbe, il ne faut en aucun cas se menacer de s’en lasser.

Et si on ne s’en lasse pas ? Quel doux risque !

Le rituel de procrastination



Chaque badaud qui a la délicate éminence de se balader sur cette planète procède à la procrastination. Que vous soyez lanceur de javelot, préparateur de bisque de homard ou responsable de l’analyse des synergies et du cash-flow du projet java de migration du système d’exploitation du processus de supply chain, vous êtes un procrastinateur.

Pour ceux qui ont une lacune linguistique et qui souhaiterait connaitre l’origine sémiologique de ce tortueux mot de 5 syllabes, voyez
ici.

Les rituels de procrastinations sont d’un multiple engluement.
Certains vogueront légèrement dans le florissant florilège de blogs pointilleusement inutile, cherchant à déterminer si ‘cute boys with cats’ est mieux que ‘cute boys with dogs’, à moins que ce ne soit ‘cute girls with dogs’.
D’aucuns saboteront la touche F5 de leurs PCs à trop rafraichir leur page Internet Explorer pour vérifier si par le plus intrépide des hasards, ils n’ont pas reçu d’un coup un mail passionnant de leur pote Alejandro qu’ils ont connus lors d’un trip néo-rebelle d’adolescent, empaqueté dans un sac de rando dégoulinant dans une auberge de jeunesse à Barcelone.
D’autres prétexteront une irréversible envie de cigarette, un incompressible désir d’aller aux toilettes, une irrévocable nécessité de trier les dossiers de leur ordinateur par longueur de titres ou un irrépressible besoin de parfaire leur culture musicale en comparant les versions live de woodstock avec les enregistrements studio des 3 J : Janis, Jimi et Joe.

Mais les pires d’entre tous les procrastinateurs, ceux qui assomment chaque années des hectares de forêts amazoniennes et qui souillent nos vies de leurs vomissant post-it hargneux, sont les listeurs !
Ces énergumènes de l’énumération gratouillent des mots des heures durant, oscillant entre une accumulation brute d’impératifs et des priorisations bancales. Plutôt que de remplir leurs impôts, ils griffonnent en lettres capitales soulignées 3 fois au marqueur noir puis rouge, ponctuant cette note d’un résidu trop nombreux de points d’exclamation : IMPOTS !!! Tout ça pour déchirer la liste 2h plus tard, se rendant compte que la priorité se situe maintenant dans la résolution de cette terrible fuite qui est en train d’avaler leurs appartements… VITE, UN STYLOOO !!!

Monday, Bloody Monday !


Combien, Ô combien de lundis sournois et exsangues allons-nous souffrir avant de trouver une issue heureuse à ce sentiment acide que la semaine est d’ores et déjà rangée dans un petit coin fort douillet de nos cerveaux fatigués ?
Décortiquons un peu ce sentiment étrange qui nous pousse, nous, hommes et femmes méticuleusement éduqués, vaillants actifs d’une société consciencieusement entreprenante, à divaguer dans un instant d’absence mal goupillé.

Plaçons le contexte.
Vous avez enfilé votre douche et délaité quelques toasts éminemment beurrés dans votre valeureux gosier. Votre liquette de travail empoignée, vous vous dirigez d’un pas allant et volontaire vers la bouche lippue d’un métro accueillant. Après une épopée souterraine ponctuée d’évènements épiques et irritants, vous avez le sentiment d’avoir d’ores et déjà consumé votre existence et même grappillé 1 ou 2 des vies de votre chat « Raymond ».
Enfin vissés à votre bureau, vous effectuez votre rituel constitué d’une multitude de petits gestes quotidiens qui s’enchainent avec une déconcertante nonchalance : votre rituel de procrastination (bientôt sur
‘Pamphlets d’une Connasse’). Sur ce, votre journée s’étire dans un bâillement viscéralement véloce, ne vous laissant de répits que pour avalerunsandwich / allerfaireunpetitpipi / fumeruneclope / sourirevaguementàlapersonnequivousaditbonjourmaisdontvousignorezl’identité.
Vers 19h, votre sourcil gauche s’agite fébrilement, signe que vos yeux vont exploser. Vous levez vos minois de votre clavier et là, un sentiment communément maudit vous claque dans les synapses : « aaaah, c’est le weekend ! ». Dépités, vous prenez conscience que vos neurones instables vous ont mentit.

Maudissons ces lundis qui ressemblent aux vendredis !

La hiérarchisation des problèmes



« J’ai eu une réunion qui a duré des heures aujourd’hui… J’ai un mal de crâne terrible ! »
« Oui bah moi, je fais un métier pourri et je suis sous-payé alors te plains pas ! »

Tout bon humain qui se respecte a déjà été confronté à ce suffixe pesant qui nous garrotte le souffle en nous assommant de sa langueur mièvre : « oui, bah moi… ».

Cette sournoise réplique est l’incarnation défaitiste de la victimisation à l’extrême. Oui bien sur, d’horribles évènements frappent chaque jour notre écosystème toussotant. Oui bien sur d’atroces infamies pèsent sur la survie difficile de certains. Oui bien sur nous nous devons de remettre nos petites angoisses embourgeoisées dans un contexte brulant d’insécurité et de malheurs incarné par le trait d’esprit franchouillard qui racle les esgourdes des enfants depuis que le monde est monde : « finis ton assiette !! Pense à ces enfants qui meurent de faim !! »

S’il est essentiel de gonfler d’optimisme et de relativité nos quotidiens, il est insupportable de voir nos petits tracas dénigrés par cette vicieuse phrase : « oui, bah moi… ».

La définition d’un souci, d’un problème, d’une corvée, d’un obstacle ou d’une fatalité diverge en fonction du seuil de tolérance de chacun. Cette fameuse goutte d’eau qui fait déborder ce tristement célèbre vase pourra s’incarner en une contrariété toute minime et pourra pourtant submerger quelqu’un d’un tsunami de désespoir.

La hiérarchisation des problèmes est une vile habitude qu’il nous faut combattre.

Pour le meilleur et pour l’empire !



Un jour, quelque badaud irasciblement mièvre et probablement très peu compétent a inventé une bien étrange coutume qui entache jusqu’aux plus productives entreprises. Depuis, il est de bon ton de perpétrer cet étrange folklore qui étire nos dures journées de labeur et bave sur nos tâches quotidiennes pour les alourdir de son sceau superflu. Tout cela au nom d’un vil concept viral de consensus, de fausse humilité et d’un manque certain de bravoure.
Il en est assez de ces réunions stériles où chacun est consulté, où il y a autant d’avis que de participants, où le goût personnel de chacun vient grignoter l’efficacité du projet, où le décisionnaire final se compte en dizaine de personnes, où tout le monde est consulté et personne écouté. Toutes ces simagrées planquées sous le drapeau flamboyant de la valeur et de la productivité.
Bataillons ensemble pour bouter hors de nos entreprises la décision collégiale !