Vos défauts prouvent mes qualités !



Quoi de plus affligeant qu’un entretien d’embauche qui se solde par cette vile question crainte par delà les sociétés les plus affutées, les plus libérales, les plus sociales… ? Cette interrogation ignominieuse qui consume la fin d’une entrevue par l’âpre banalité de son contenu ? « Quels sont vos qualités et vos défauts principaux ? »
A cette épineuse énigme il existe une astuce fort controversable. Quoi de plus rusé que de fouiner dans les travers des autres pour y trouver nos propres points forts ? D’aucun seront impulsifs, malhabiles, lents, brouillons… A la lecture de ces imperfections qui vous agacent en vous sautant à la gorge, vous y trouvez vos propres aptitudes. Et à l’inverse, quelqu’un qui vous assomme de ses vertus calmes, rigoureuses ou efficaces vous prouvera que vous ne brillez pas par ces qualités.

Le pot de départ, ou de la torture traditionnelle !



Imaginons des néons tranchants qui grésillent au dessus d’une bande d’yeux avidement fixés sur les plateaux de petits fours qui scintillent dans ces estomac creusés par un après-midi pâle que l’on vient de lessiver derrière nos ordinateurs.
Des langues torturées par l’imminence de la douceur âcre d’une gorgée de champagne hibernant dans une flûte en plastique.
Des corps dégondés et cousus aux murs de la salle de réunion encore habitée par cette odeur capiteuse d’une fin de réunion.
Des oreilles tendues assoiffées d’un discours long et rampant qui s’assoupi sur une feuille de papier tremblante.
Et enfin la délivrance, l’hôte tempe ses lèvres dans sa flûte sourde et enfourne goulument une mini-pizza. Les convives se jettent sur les petits-fours qu’ils avaient repérés il y a déjà 23 minutes et engloutissent les gobelets en plastique.
Mais pourquoi l’être humain s’inflige-t-il de telles épreuves ?

L’ombre ne fait pas le soleil !



Rappelons-nous avec émotion de cette épique époque où l’on regardait le journal à la télévision… L’on pouvait y voir des jeunes grimaçant pompeusement derrière la caméra sérieuse et professionnelle d’une séquence outrageusement passionnante sur la journée des villages fleuris éparpillée à travers toute la France.

Si nous pardonnons bien volontiers à ces coquins en mal de reconnaissance médiatique, il n’en est pas de même pour certains individus brassant toute l’attention d’une assemblée pour grignoter un pouvoir qu’ils n’ont pas.

Ces félons du petit écran qui pensent qu’être spectateur d’une émission politique, c’est faire de la politique. Ceux qui dodelinent strictement dans le public pour souligner leur approbation ou leur désaccord, prouvant ainsi leur importance essentielle sur la scène décisionnaire internationale.
Ces fourbes dans les réunions qui agitent leurs dossiers débordants devant un patron noyé dans son Blackberry. Ceux qui introduisent le sujet plutôt que d’en parler, qui coupent une présentation fluide et bien menée pour « résumer dans un graphique synthétique que j’ai fais où l’on voit mieux la répartition du chiffre d’affaire selon les pays grâce aux couleurs bien distinctes que j’ai utilisées ».
Ces ignobles démagos qui détricotent un concept sans aucune solution pour le recoudre derrière.
Ceux qui pensent que dire oui c’est avoir inventé l’idée.

Le LOL utile


Qu’elle est cocasse cette époque où l’on bave des smileys et des LOL entrecoupés de MDR, PTDR et autres DTC…
Que d’abréviations belliqueuses qui rythment nos textos, Facebooks et conversations plus archaïquement réelles. Tous ces palabres laconiques errant nonchalamment dans nos phrases sont désœuvrées de véritables desseins.
Pourtant, si l’on se penche plus intimement sur cette tendance éminemment populaire, nous notons une intrigante particularité : le LOL utile !
Le LOL utile, c’est un concept abstrait qui n’avait jamais encore trouvé sa forme écrite. Le LOL utile, c’est le mot qui symbolise ce sourire fin et approbateur, ce hochement de tête discret et entendu, ce regard teinté d’une douce complicité qui prouvent à votre interlocuteur que le message est bien reçu, que vous l’avez compris et assimilé et que, bien que vous ne rebondissiez pas dessus, le propos a procuré l’effet escompté : le rire !